les loups dans la ville

Les loups dans la ville ...






Le maire et ses édiles et quelques magistrats
Et les sergents de ville, en ce jour de sabbat
S’afféraient fort nombreux à faire grand débarras
A nettoyer la ville de tous ces cancrelats :
Il fallait éloigner les captifs malfaisants
Leur imposer un exil au milieu du néant.
Hors, dans ce même temps, la ville était en fête.
Les cordes violonaient et vibraient les trompettes,
Suivait la sarabande de nos agneaux de lait :
Lycéens, étudiants, sereins, batifolaient
Corps et cœurs allègres sous un soleil radieux.
Rien n’aurait pu ternir ce jour béni des dieux.
Mais, dans un éclair brutal, tout dut se figer
Le soleil-même aurait pâli, et la terre tremblé ?
Plus d’acteurs, ni son ni fandango: des pantins,
Incrédules, gris d’effroi, voyant proche leur fin !
Mais d’où surgissaient donc ces masques aux yeux si fous ?
Quels desseins avait-elle cette horde de loups
Zébrant l’air de ses piques, résonnant de ses coups
Qui firent claquer des dents, vaciller des genoux ?
Ceux qui étaient présents n’en sont pas revenus !
Lorsque le mal carnassier soudain disparut
Comme après un orage qui a tout saccagé
La rue souillée, craintive, se mit à sangloter
Des femmes éplorées étreignaient leurs enfants.
Les badauds étourdis, demeuraient bras ballants.
Commerçants dépités et vitrines en pièces,
Aux flics orphelins criaient tous leur détresse.
La cité provinciale, amorphe préfecture,
Gardant quelques stigmates a soigné ses blessures.
Nos dirigeants bafoués ne laissent rien paraître
Pas même la peur de ceux, qui n’ont ni dieu ni maître