Un Nageur
Un matin qu'ivre et seul je versais à la mer
L'alcool et les poisons à la saveur amère
Que mon coeur en secret, dans son vieil alambic,
Distillait en crachant, machine maléfique,
Je vis sur le rocher où la vague s'effile
Une forme laiteuse à la posture vile,
Luminescente et molle, singeant une étreinte,
Un nageur échoué, sans chaleur et sans teinte.
La bouche grand ouverte, étrange coquillage,
Vomissait son butin, la faune d'un autre âge,
Une algue noire et brune, des cercles d'écume,
Comme ceux, mon ami, des cafés que nous bûmes.
Je couvris de mes larmes cette épave blême
Au ventre de méduse et que Neptune même
Refusait en son sein pour je ne sais quel tort
Et livrait au ressac pour la châtier encor.
Commentaires (2)
Très beau la aussi, rythme et profondeur
malgré quelques libertés prises sur le classicisme
commentaire
Très inspiré,
j'aime beaucoup