Regardez donc, mon âme©Ce texte est protégé par un copyright.
Regardez donc, mon âme, mon corps gisant sur cette table.
Admirez donc la lame effilée qui glisse sur mon torse, telle une froide caresse.
Voyez le sombre sang qui s’étale sur le sombre plancher de cette salle.
Chantez donc avec les sourires de mes bourreaux, attendant qu’un seul et unique mot se fraie un passage au-delà de mes lèvres ensanglantées.
Je ne puis plus supporter cette scène, mon âme.
La douleur m’emplit à présent de sa splendide présence, jouant avec mes dernières facultés mentales.
Seules quelques bribes de souvenirs flottent encore douloureusement en moi, comme cette pensée.
Pensée pour mon innocence.
Pensée pour ce mot que je ne connais pas, ce mot qu’ils attendent en vain.
Pensée pour cette question qu’ils me posent, question que je ne peux satisfaire.
Mais les plaintes suppliantes que je crache à leurs visages ne pourront probablement jamais les convaincre, et la lame aiguisée continue lentement son chemin.
Si lentement.
Et leurs sourires ne cessent de me hanter, courbes ironique perdues au milieu de l’océan de ma folie naissante.
Et leurs mains, dansantes, libèrent un à un mes liens, à présent inutiles.
Car, même si j’avais eu la pensée de m’échapper, la pensée de bouger, mes tendons sectionnés m’en auraient certainement empêché.
Je ne pense plus, mais je suis encore.
Encore en vie.
Vie défaillante, narguant la mort et clamant sa résistance.
Résistance que je ne puis plus endurer, mon âme.
Regardez donc, mon âme, mon corps gisant sur cette table.
Dieu, je vous adresse ma première et dernière prière.
Et si mon esprit défaillant me hurle encore que vous n’existez pas, je ne cesserai de vous implorez, vous, le fruit des humaines pensées, de m’achever sans attendre !
Commentaires (15)
- "Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme"
- "Contemple les, mon âme"
Et encore plein d'autres vers qui ne me viennent pas à l'esprit. Mais ce poète est mon idole.
Bon, comparer ton texte à un de Baudelaire est sans aucun doute un compliment immense ^^
C'est étrange mais, sans pour autant croire en l'âme, j'aime beaucoup en parler lorsque j'écris.
J'espère que cela ne plagie pas trop Baudelaire, le contexte étant quand même radicalement différent.
"Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle..."
Non non ^^ le plagia n'est pas de mise dans ton texte.
Et j'admire votre grande connaissance à toi et Lily de Beaudelaire que j'aime beaucoup mais que je ne connais peu
Au plaisir de vous relire
Ghjslain
Alors que ton esprit défaillant ou pas
Hurle que Dieu ou l'âme n'existent pas
C'est ainsi, qu'à l'heure du prétendu trépas
Qu'il t'achève, tu supplies ou tu supplieras
Voilà... Ghjslain
Et merci à toi Ghjslain pour ces quelques vers, c'est en effet le sens du dernier quatrain (que j'avais cependant préféré écrire en prose).
si profonde confession. C'est si triste d'entendre se répéter ce genre de scène sans cesse. J'apprécie la sincérité du poète qui au sein de sa grande détresse, en dépit de son incrédulité, tourne quand même sa face vers l'Être dont il a toujours nié l'existence. Dans son grand amour, n'avait-Il pas à sa façon répondu à cette humble prière? Quand un malheureux crie,n'entend-il pas? En tout cas, je suis certain qu'il ne s'agit que de la poésie purement et simplement.
Bonne continuation !
« N'importe où hors du monde », tiré de "Le Spleen de Paris"...
Belle et profonde conversation avec son âme.
commentaire
j'ai beaucoup apprécié les deux derniers paragraphes.