Lily’s Symphony©Ce texte est protégé par un copyright.
Des nuages apparaissent à l’horizon.
J’insère le 33-tours dans mon vieux tourne-disque.
Les démons accordent la pluie.
Les anges le vent.
Silence.
Les démons s’emparent de leurs violons.
Les notes apparaissent, timides.
Elles s’élèvent délicatement dans les airs.
Et me font vibrer.
Leur grave pureté me bouleversant.
Ouverture.
Elle se lève, et s’ouvre comme le Lys.
D’autres les suivent, plus curieuses.
Plus joyeuses et plus vives.
Elles se bousculent.
Impatience.
Son corps ondule, irréel.
Sa danse est celle d’une fée.
Viennent alors les anges et leurs hautbois.
Les vents se lèvent.
La mélodie gagne en vigueur.
En vitesse.
Elle reste hors de ma portée.
Me défie de son regard d’émeraude.
Hurlant en silence et riant sans bruit.
La tempête éclate, somptueuse.
Elle se déchaine dans une parfaite harmonie.
Extase.
Ses gestes deviennent violents, passionnés.
Elle s’arrête ça et là, une fraction de seconde durant.
Pour reprendre son mouvement, presque ininterrompu.
Et finit sa danse, cambrée et narquoise.
Je jouis de cette perfection.
De cette somptuosité.
Mon œil braqué sur Elle.
Le calme revient.
Les applaudissements de la foule apparaissent.
S’intensifient.
Explosent.
Elle se fane.
Je n’en puis plus.
Mais je ne cesse de l’observer, subjugué.
Soudain, une démangeaison au bras gauche.
Mon bras gauche.
Ce bras gauche qui recevait, il y a deux semaines de cela, une lumière divine.
Un enfant inconscient, fruit de mes fantasques désillusions, vient justement de m’apporter le soleil.
Il m’éblouit.
M’aveugle.
Ma tête hurle de douleur.
Obscurité.
Mes yeux se mettent à m’irriter.
Atrocement.
Je rêve de me les crever, et les arrache en songe.
Mon corps frémit un instant, s’immobilise.
Une fine et délicate aiguille s’approche alors de ma tempe droite et me frôle.
Elle se retire un instant, puis plonge dans mon crâne.
Me vrillant de douleur.
La lumière revient.
Tout est si blanc.
Les démons accordent la pluie.
Les anges le vent.
Silence.
Quelques notes me guident dans ma progression vers la perfection.
Où diable suis-je donc ?
Tout est si blanc.
Tout, sans exception.
Y compris le haut et lourd portail qui se dresse devant moi.
Et qui écrase par sa présence tout sentiment, toute pensée et toute croyance que j’aurais pu avoir.
Tout s’évanouit.
La lumière, la musique, mon âme.
Tout n’est plus qu’obscurité.
Obscurité et silence.
Et vous, qu’avez-vous pour faire tourner vos noirs sillons ?
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