Terre – 4,467 milliard d’années©Ce texte est protégé par un copyright.
Année : 2100 après Jésus Christ.
Je déambule dans les rues de Bruxelles. Belle ville. La place centrale, d'un style baroque, est exceptionnelle. Mes pensées se mettent à dériver, planant sur l'histoire de cette ville. Comment donc l'homme est-il arrivé à utiliser ce type précis d'architecture, à cet endroit précis ?
L'homme. Actuellement l'espèce la plus évoluée sur Terre, selon ses propres critères. D'un autre coté, s'il suffisait, afin d'évaluer le degré d'évolution d'une espèce, de la comparer aux critères de la sienne, bon nombre d'animaux pourraient prétendre la même chose. Bref, l'homme, espèce arrivant à l'apogée de sa civilisation, se meurt de sa propre supériorité. Quel autre animal peut donc à ce point influer sur son environnement ? La question serait plutôt : quel autre animal menace ainsi sa propre espèce ?
Mes pas m'ont conduis dans les quartiers pauvres de la ville. Des hommes, maigres, affamés, gelés, s'étalent ça et là, mendiant misérablement de quoi s'acheter un paquet de cigarettes. L'odeur y est infecte. Une odeur de crasse qui se mêle aux effluves de pollutions que produit la ville.
Je souris.
L'homme, l'espèce la plus évoluée sur Terre.
Année : 4000 après Jésus Christ.
Mes jambes me guident vers le ginkgo biloba. Ses écus d'or, éclatants, m'émerveillent. Je pense à tout ce qui est enfoui sous la surface. Des villes entières, des routes, et tous les restes de l'humanité.
Cela fait déjà quelques siècles que nous autres, humains, avons cessé d'être. L'adage disant que le plus rapide chemin vers la décadence est la civilisation s'est donc vérifié.
Evidemment, la stupidité de l'homme a fait disparaitre d'autres espèces, l'environnement n'étant plus adapté à leur survie. Mais de nouveaux animaux et de nouvelles variétés de plantes ont vu le jour, et l'équilibre naturel règne à nouveau. Aucune espèce ne semble suivre les pas tortueux de notre race.
Bon Dieu, que ce ginkgo biloba est beau !
Année : 10 000 après Jésus Christ.
Je plane d'un astre à l'autre, tentant vainement de repérer ne serait-ce qu'une infime trace de vie, de chercher à comprendre ce qu'il s'est passé. Cela fait quelques années que toute forme de vie a disparu de la surface de la Terre. Notre planète, astre sec et aride, continue inlassablement sa rotation autour de l'étoile que nous appelions Soleil.
Malgré les parsecs que je viens de parcourir, je ne vois rien. Pas de vie. Pas de changement. Uniquement des masses inertes décrivant de larges ellipses, dans un parfait et silencieux ballet. La vie telle que nous la connaissions a entièrement disparu.
La vie n'est plus.
Et strictement rien dans la structure de l'univers ne s'en est retrouvé changé.
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