Mort d'eau
Mort d’eau ?
Hier nos ancêtres côtoyaient les berges de nos eaux
Parce qu’ils savaient observer la qualité de son état :
L’abondance de vie au sein de cette sève limpide
Appelait à festoyer, à se prélasser humblement
Sans arrière pensée, sans interrogation du lendemain.
En contre partie, quand le liquide s’écoulait nu,
Ils respectaient ses maux en s’écartant de ses déserts,
Car leurs menaces annonçaient le désordre des clans.
Aujourd’hui, la plupart de ces clans ont quitté ses lieux de repos
Pour converger vers la mégalomanie sans chaman dans les mas,
Tandis que d’autres, sont restés et restent encore face aux intrépides.
Les uns se sont alors soumis, les autres subissent fiévreusement
Pour tenter de surseoir aux ravages d’une maladie qui infecte leur pain,
Une déchéance physique qui gangrène leurs esprits ingénus,
Parce qu’ils absorbent un liquide qui véhicule un poison pervers.
Est-ce utopique de penser à boire la pureté de son limpide sang ?
Pourtant, peu à peu, se désaltérer de ce breuvage devient un fardeau
Car sa composition originelle a disparue derrière leurs pas.
Alors, pour souhaiter étancher sa soif, un spiritueux insipide
Est livré à ces clans reconstitués, ces rassemblements
D’êtres humanisés se gorgeant d’un fiel malsain
Qui anémie leurs cerveaux, ronge leurs corps corrompus,
Parce que ce philtre à un prix, celui de leur salaire,
Pour soigner leurs reins fatigués d’assainir une potion de calmants.
Cet hydromel deviendra-t-il donc aussi rare qu’un joyau,
De sorte qu’il sera difficile de s’en procurer sans éclats,
Quand il s’agira de négocier ce primordial liquide,
Telle une quête dans un désert où l’eau sera en mirage permanent,
Excepté quand son acquisition sera le synonyme certain
De spéculations dont les cours emballés auront exclus
Les plus démunis d’un bien précieux dans leurs chaumières,
Cet or bleu, une valeur cotée de notre environnement ?
Qu’adviendra-t-il alors des êtres éloignés des espaces sans coteau ?
Ramperont-ils sur les terres vêtues de leurs seuls trépas
Sur les berges d’oasis asséchés par des vents arides,
Où leurs dépouilles décharnées par de charognards savants
Seront à l’état de squelettes, à l’état de l’oubli, des défunts
Sans identité, sans famille, portés disparus,
Dont la mémoire pourra être réhabilitée au fil des ères,
Si les éléments ne viennent balayer leurs sépultures au fil du temps ?
Et qu’adviendra-t-il des êtres qui auront étanché leur soif d’étourneau
Par une boisson transformée d’une vigne riche d’un chasselas
Qui aura puisé sa sève dans un sol parcouru d’un cuivré fluide,
Dans les interstices d’une terre arable lézardée par un onguent,
Car de lourds nuages auront redistribué un venin
Pour lequel l’antidote n’aura plus l’efficacité attendue,
Celui tant préservé, jadis, par feus nos pères,
Quand les échanges s’appuyaient sur la confiance des chalands ?
Car les dernières gorgées avalaient une potion sans eau !
Ce texte figure dans la sélection de pamee_de_la_chatte
commentaire
tu ne serais pas pote avec Nesva ?
la génération pelouse pas synthétique.