Le galérien
La nuit tire le rideau sur ma vie infernale,
elle aura du boulot pour gérer mon moral !
Levé depuis l’aurore, sous le joug du Bosco,
je rame pour le confort de mes collatéraux ;
ces dépendants ingrats qui n’attachent d’importance
qu’à ce qu’il y aura pour payer la pitance.
Tous les petits caprices, ces écarts de budget
sont comme les cicatrices imprimées par le fouet
de l’armée d’argousins, qu’importent l’âge et le rang.
Qui tous apprécient bien le bon goût de l’argent
même s'ils en ignorent tout de l’art de le gagner.
"Un sou est juste un sou. Pas grave si t'en as chié,
ni si la tâche fut rude ou simplement ingrate.
C'est pleins d'ingratitude, que nous, on te pirate !"
Mes mots ne valent rien, ils sont comme insipides.
Je suis le galérien, je parle dans le vide.
Seuls comptent mes coups de rame, et au bon rythme encore !
Ca devient tout un drame si vient à manquer l'or.
On reproche mes dépenses : Internet et portable
mais au fond quand j'y pense, c'est à tous profitable.
Heureusement qu'alentours, on a vu ma détresse,
qu'on m'a porté secours dans un élan express,
a collé des rustines sur chacune des voies d'eau
et a gardé bonne mine. A tous, je leur dois gros !
A croire qu'il est ma faute, ce naufrage annoncé
même si je reste, tête haute, le seul à écoper.
J'ai devoir de nourrir, pas le droit d'éduquer ;
condamné à fournir sans pouvoir retirer
le simple bénéfice du légitime orgueil
du père qui, à ses fils, transmet le coeur et l'oeil.
On tente de m'abuser, de me faire croire au leurre
que je suis apprécié pour ma sève, non ma sueur.
Mais que je tente une fois de me mettre à la barre ;
"Branle-bas de combat ! Ca va être la bagarre ..."
Je n'ai visiblement pas légitimité
ou même plus simplement pas les capacités
à faire de ma vie d'homme cette expérience unique,
certes pas un te deum, juste ce petit cantique
qui sonne là aux oreilles de celui qui détient
la sagesse, les conseils quand il les offre aux siens.
Mais le plus triste au fond, c'est que, lorsque je vois
la considération nourrie à mon endroit,
je n'ai plus d'énergie pour retrouver ma place
mais la laisserais, ravi, à un autre plus coriace.
"Existence que j'encaisse, je veux te mettre à bas !
Mais je te le confesse, cela m'est délicat
car même si j'en ai l'âge, pour pouvoir t'affronter,
il me manque le courage." Je voudrais profiter
d'une escale improviste pour fuir au loin cette vie.
"Marre d'être un altruiste qu'on jamais ne remercie."
Commentaires (2)
Sympa de revoir tes lézardes jaunes traîner à nouveau sur ces murs ...
HypoPo.
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