Forteresse de vie
Perché sur les hauteurs du mont des exilés,
J'observe le lointain et son absence pesante.
Forteresse fortifiée aux enceintes étouffantes,
Dont je suis l'architecte, le maçon, le geôlier.
En son antre j'ai pensé limiter l'infection,
D'une souffrance débordante, sans racines ni raisons.
Mais cette affreuse gangrène inspirée par la haine,
Me ronge, m'asservie, m'enferme et me gouverne.
La hauteur des enceintes chaque jour s'élève.
Reflet des souvenirs sagement entassés.
Ces pierres de misère d'un présent qui s'achève,
Ecrasent chaque jour les chances de m'évader.
Un sombre matin d'août dans l'absence du vivant,
J'ai vu à l'horizon, à l'éveil du temps,
Un bien triste spectacle, un douloureux tableau,
Non pas un, mais une foule de ces tristes radeaux.
Forteresses de vies qui transportent l'existence,
Dont les regards se croisent mais jamais se comprennent,
Se nourrissant d'espoir et de vaines expériences.
Je constate en silence la condition humaine.
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