Narcisse pleure©Ce texte est protégé par un copyright.
J’ai une sœur, copie jumelle,
Pareille à moi, dans le miroir.
J’aime l’épier en mon boudoir,
Voir son reflet me faire face.
Mais il me vient une grimace
Quand penchée, les yeux étrécis
Je remarque un nouveau souci :
Je semble bien plus vieille qu’elle.
Quand donc a changé mon visage ?
Sans concession je l’examine,
Il n’a plus de ride orpheline.
Au coin des yeux un fin réseau
De rires gais creuse ma peau.
L’amande noire est affaissée
Lourdes paupières abaissées,
Cernes bleues dans le paysage.
La concubine du reflet
A perdu sa taille gracile,
Et son épaisseur indocile
S’est parée de seins un peu lourds,
Bien que la peau reste velours.
Mes mains en coupe les soulèvent,
Je n’ai plus de courbes de rêve.
Bien cruel est le camouflet !
Est-il permis que je vieillisse ?
En moi l’idée fait son chemin,
Le temps est tout sauf anodin !
Chaque ravage est une histoire,
Mon corps se lit comme un grimoire,
Tandis que mon âme se cache
Des coups du destin, coups de hache,
Drames inscrits en cicatrices.
J’ai une sœur, c’est mon reflet
Dans la psyché près de mon lit.
Mon esprit reste déconfit
D’avoir perdu sa concordance
Entre lui et mon apparence.
Dans le miroir, une étrangère
S’accroche à d’anciennes chimères.
J’ai perdu ma gémellité.
Commentaires (2)
Le temps est assassin, mais il faut l'accepter ainsi...
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