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Textes Auteur(e)s Lenore
Textes hors-recueil
26. Sunset
Lenore
Par Lenore
Texte daté de 2011
Allez, une petite prose, faisait longtemps (oui je sais, c'est pas très poétique, mais je ne vois pas pourquoi je ne pourrait pas vous en faire profiter)
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Sunset

Welcome to –


Lumière.

La lumière du soleil se reflète sur l’asphalte en cette fin de journée. Je déambule, l’esprit dans le vague, à quelques centaines de mètres de Central Park. Dans quatre pâtés de maisons, je serais chez moi. Ce soir, Eyes Wide Shut passe à l’écran. Bon film. Il doit rester quelques bières dans le frigo. Bonne soirée en perspective.

Je m’arrête un instant pour observer, entre deux immeubles, le ciel orangé que nous offre l’astre divin.

Soudain, un son anormal me caresse les tympans. Intrigué, je cherche la source de cette discordance phonétique dans l’harmonie de cette soirée. A deux rues de là, le son se précise, se mue en gémissement. J’accélère. J’arrive dans une ruelle pour découvrir, au fond, deux connards, prêts à s’offrir un peu de bon temps avec une jeune fille. Le bâillon qui réduit la demoiselle au silence ne laisse que peu de doutes quant à son avis sur le rapport à venir. Je regarde autour de moi et constate, exaspéré, que les piétons présents passent dans un silence gêné, les yeux rivés vers le sol.

Et moi, dans ma lâcheté, je n’esquisse pas le moindre geste. Tétanisé, j’observe les deux new-yorkais violer la fillette. L’acte dure cinq minutes. Trois cent secondes d’éternités. Eternité pour cette fille humiliée et pour moi, scandaleusement inactif. Une fois leur indécence satisfaite, l’un des deux voyous frappe sa victime au visage, lui brisant le nez. L’autre, de son genou, lui explose les côtes. Un troisième coup vient lui fracturer le coude gauche. Puis un quatrième pour le droit.

Je m’enfuis en courant, écœuré.

Le bruit de coups, brisant les os, continue, décroissant, tandis que je m’éloigne de cette horreur.

Merde mais à quoi je pense moi ?

J’observe le plus grand des deux commencer à baisser son pantalon.

Je m’approche de la scène, les deux enfoirés me tournant le dos. Je frappe l’énergumène au pantalon baissé à l’arrière du crâne, action qui obtient le résultat escompté, vu que l’homme s’effondre instantanément. Le second, en revanche, se retourne, fendant l’air de son cran d’arrêt. Une ligne de feu apparait sur mon avant bras droit. Je m’empare de son bras et le casse en deux d’un coup de genou. J’arme mon poing pour lui envoyer en pleine face, mais il se baisse, esquive mon coup et, utilisant mon élan, m’envoie valser par terre. Le temps que je me relève, il est déjà en train de partir en courant.

Je jette un rapide regard à la fille. Bon Dieu, elle doit avoir l’âge de ma fille. Son regard vide et pétrifié a pour moi l’effet d’un coup de fouet.

Enfoiré !



Je me lève.

Je commence à courir à la poursuite de mon fugitif. Que vais-je faire une fois que je l’aurais attrapé ? Je doute que je puisse m’empêcher de le tuer. Cet homme ne mérite rien d’autre. Cette homme va surement mourir ce soir, le corps aussi désarticulé qu’une poupée de son. Je ne vois pas d’autre solution envisageable. Ce meurtre est la seule chose à faire.

J’arrive au bout de la ruelle.

Il n’a pas pu aller bien loin. Du moins je l’espère. Se doute-t-il que je lui cours après ? Pense-t-il que je suis resté pour aider la jeune fille ? La jeune fille. Je ne sais pas combien de temps va s’écouler avant qu’elle ne puisse réagir, avant qu’elle n’esquisse un geste. Regarde-t-elle le mur, comme quand je l’ai quittée, où fixe-t-elle le corps, étendu, de l’un de ses agresseurs ? D’ailleurs combien de temps va-t-il rester évanoui, celui là ?

Hey mais stop là, ressaisis-toi mon vieux ! Tu es en train de courir après un homme pour l’abattre ! Qu’est-ce qui te prend ? T’es pas un assassin ! Si ça se trouve, il est déjà loin… Puis merde, il y a une gamine seule, bâillonnée, traumatisée. Et toi, du haut de tes quarante balais, tu décides de te faire justice, plutôt que de rassurer la fillette ? Imbécile.

Arrête-toi !

Voilà, maintenant, tu fais demi-tour, et tu vas aider la gamine. Tu vas la prendre dans tes bras, lui dire que tout est fini.

Tu vas l’aider. Parce que c’est la seule putain de chose à faire dans ce cas. Tuer un imbécile ne va pas aider une enfant quasi-violée à aller mieux. Tu vas lui dire que tout est fini.

Regarde-là ! Elle est juste là, à cinq mètres de toi, anéantie.

Un bruit de pas.

Attends, écoute ! Derrière toi… Retourne-toi, idiot !

La lame d’un cran d’arrêt s’enfonce brutalement dans mon dos.

Mon corps bascule. Mes genoux heurtent violemment le sol. Mon bras droit, dans son réflexe pour me retenir, glisse, écorchant ma main.

Un homme de taille moyenne m’enjambe, jette un rapide coup d’œil au type affalé par terre et se dirige vers la fillette.

Obscurité.


– Nothingness

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