Reflets noirs^{©Ce texte est protégé par un copyright.}

Le ciel et la pluie couchent ensemble. Je sème mes graines de désespoir aux pieds des arcs-en-ciel enfantés. Tu fermes les yeux. Tes yeux bleus. Ou verts. Je n'ai jamais réussit à définir leur couleur. Peu importe. Les gouttes d'eau viennent se poser sur ton visage, comme pour sceller tes paupières. Le soleil, en extase, illumine ce visage. Le redessine. Une touche de pourpre, un soupçon d'azur.

Demain faut bosser. Faut s'lever tôt et s'esquinter. Dix heures par jour pendant six jours et recommencer. Faudrait pt' être aussi arrêter d'fumer. Pas le temps, que du gris. Et demain faut continuer. Continuer à acheter sa vie actuelle, avec sa vie future. Je vois déjà les nuages noirâtres de l'usine, les paroles brunâtres du patron et ses regards ocre. Poussière. Une carte de crédit tendue, un jeans à quatre vingt cinq euros. Un t-shirt à quinze. Couleurs. Réveil. Faut pas boire au volant. Faut du réseau à proximité. Porte marron poussée. Un café à trente cinq cents. Indigo, sourire. Soyons cons et bossons. Faut augmenter les gains. Faut faire du profit. Faut baiser avec le grisâtre jusqu'au soir. Faut pas s'faire rattraper par les concurrents. Faut pas d'baisse de production. Faut pas s'laisser distraire. Faut pas s'blesser en bossant, les médecins sont chers. Faut pas faire attention au triste écarlate qui s'étale alentour. Faut pas de mauve. Faut de l'essence dans sa voiture et pas plus d'trois chaînes à la télé. Reflets noirs sur mon âme décolorée.

J'ai besoin de tes yeux pour ne pas oublier leur couleur. Le vermeil de tes lèvres pour y déposer le blanc délavé de ma peine. Je veux creuser le châtain de tes cheveux pour y enfuir mes tristesses verdâtres. Reflets or de l'amour que nous faisons. Orange orgasmique.