à découvert
Ça commence à me rendre méchant :
une transparence pirate vole mes rendez-vous, c'est une pilleuse d'heures justes et de retrouvailles.
Je donne toujours rendez-vous Boulevard Edgar-Quinet, au café "La Liberté". Je calcule largement mon temps de voyage pour ne pas imposer mon retard.
Mais les distances s'acharnent,
les temps aussi, ainsi que leurs vivants.
On m'impose toujours de l'imprévisible à soigner,
on m'envoie à la Salpêtrière pour bavarder avec un aphasique qui, quels que soient mes propos, répond toujours : « Rouflaquettes ». Je le laisse, quitte l'hosto,
mais toutes les lignes du bus et de métro ont changé. Je me renseigne auprès d'une passante qui me dit :
« Vous voulez me draguer ! » Je lui explique qu'elle le mériterait si je n'étais pas en retard. Elle rit :
«Il n'y a pas de retard, il n'y a que des instants qui agonisent. »
Je la haïrais volontiers, mais je n'ai pas le temps, moi, pauvre victime des entrelacs. Je hèle un taxi.
Il me refuse en affirmant qu'avec un client comme moi il perdrait fatalement sa route et ses meilleurs souvenirs.
Je décide alors de ne plus donner de rendez-vous, mais de les vendre.
Comblerai-je mon découvert ?
commentaire
Il faut prendre de l'avance pour ne pas être en retard.
Ou alors improviser.
Quand ça veut pas? Ca veut pas.
En fait, ça dépend de pourquoi.