À la mémoire d'Annie Girardot
« J’ai peur ! » dit-elle à l’inconnue dans le miroir.
Ses doigts tremblants essaient d’effacer ce visage
Dont les yeux tristes tout emplis de désespoir
Fixés sur elle, la retiennent en otage.
Sa main rencontre la surface froide et lisse
Qui ne reflète que de vagues souvenirs.
Sa vie entière entre ses doigts fragiles glisse.
Elle n’a plus la force de la retenir.
Fut-il un temps où cette femme c’était elle ?
Le spectre pâle qui a volé son destin
Ne répond pas et reste là, ombre cruelle
En face d’elle à se moquer de son chagrin..
« J’ai peur ! » dit-elle et elle ignore que ce soir
Même sa peur aura sombré dans les abysses.
L’oubli effacera l’inconnue du miroir
Mieux que sa main sur la surface froide et lisse
Commentaires (8)
je l'ai déjà vu dans les yeux de ma mère.
Très beau poème, merci pour ceux qu'on n'oublie pas...
Sur cette cruelle maladie,
Et je me suis dit en moi-même
Que j'devais réagir aussi.
C'est un très émouvant voyage
Dans le monde de la souffrance
Qui peut être un vibrant hommage
À ceux qui en font l'expérience.
PS: Le texte complet sur mon profil dans "QUELLE HUMANITÉ ! "
Félicitations !
Oui, merci à vous tous, Hélène, Nouqa, On'X, Gilbert, Le Solatier, Doristil pour votre intérêt envers ce poème et par conséquent, envers la maladie qui me l'a inspiré. Comme je l'ai dit à Doristil, j'ai travaillé durant 15 ans de nuit en maison de retraite. C'est tout dernièrement, en voyant ma belle maman mentalement "en vrac" à cause de la maladie de Parkinson, dont le stade final ressemble beaucoup à Alzheimer, que je me suis rappelé cette adorable vieille dame, totalement perdue face à son reflet dans le miroir de sa salle de bain.
Bises à vous tous
Amicalement
Bonne route !
Roger
commentaire
Pour nous même et nos proches,
Désemparés que nous sommes
Face au miroir sans tain de l'exitence.