CALLIGRAPHIE
Mon cahier est écolier, mon vocabulaire imaginé, mes ratures fort crayonnées. Qu’importe les sages, qu’importe les pages qui sentent le vieux grimoire jauni :
j’écris en odeur réitérée.
En blanche saveur rayée de noir lettré : je dis !
Je dis : au commencement, voici le mot singulier
Je dis : voici maintenant l’unique pluriel, destiné …
Puis je dis : accueillons à présent le verbe personnel, déchirant le ciel, logos incarnant le dire substituant diciblement le son aux voyelles que nous sommes, qu’on sonnent en silences, en musique calligraphiée.
J’écris en creux un délié de plein vent comme à dessein orthographié – quoique sur l’autre versant – en droite courbure d’ortholignes qu’une intention imprime.
Je joue en quête d’expression, à fleur de doigté, une correspondance manuelle en conversation spirituelle.
Sur la portée épistolaire, la main touche et retouche sans cesse le trait,
annone le son, tintinnabule le ton,
épure la ligne, mendie l’expression florale,
le cœur à cœur sponsal
tachycarde le cœur étique eurythmé enfin en partition.
Esprit emporté en mesure enjouée, s’étonnent les notes effleurées,
les croches accrochées, les contrepoints pointés.
Mozart, quelles sont les notes qui s’aiment ? Qu’on sèment ?
Allegréto mental
sans efflorescence finale
Métronome harmonique en jeu bien tempéré
Balancé en liberté mélodique, chaloupée
Déhanchement elliptique murmuré
En-dansé de grâce au propre comme au figuré.
Liberté manuscrite déployée autant qu’un matin espérant
Beauté nôtre d’ensoleillement, aube vierge profondément
Communion d’analectes scellés sans retour,
Timbrée évidemment de soi, c’est fait pour …
Voici une symphonie minuscule : CALLIGRAPHIE , en majuscules.
Sans façons, adressez-lui votre nom :
Elle est de moisson …
Ce texte figure dans la sélection de Etreneant
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