Ceux qui sont revenus *©Ce texte est protégé par un copyright.
Teuf-teuf lénifiant menant les marins au port
Les cales bondées de poissonnailles jusqu'aux sabords.
Frôlement imperceptible de l'eau contre la coque,
Murmures des marins fatigués et qui se moquent
De la peur en tenant dans leurs grosses mains calleuses
Une cigarette qui rougeoie dans la nuit hideuse.
Ils écoutent la pulsation du moteur ; il ronronne
Leur rappelant l'amour rugueux de la patronne,
La femme qu'ils ont mariée hier, il y a dix ans,
Qui guette l'éternel retour avec le jusant
De celui à qui elle a engagé sa foi,
L'humble pécheur qu'en son cœur elle a sacré Roi.
Ô ! princesse changée en épouse, veille ses enfants,
Réchauffe les draps pour vos rêves ébouriffants.
* Oh ! que de vieux parents, qui n'avaient plus qu'un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus !
(Victor Hugo, Oceano nox)
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