Elle était bien là.
Elle était bien là, sur le quai, avec son jean trop grand et son regard qui me brûlait les entrailles. J'aurais voulu me précipiter vers elle et lui sauter au cou mais mon gros sac m'en empêchait. Alors je me débrouillai pour qu'elle ne me voit pas et lui cachai les yeux une fois derrière elle. M'approchant délicieusement de sa nuque, je murmurai à son oreille :
- Qui c'est...?
Elle ne répondit pas mais je sentis sous mes doigts ses traits fins se tirer en sourire. Elle se retourna et me prit dans ses bras. Ce fut tellement doux... Alors qu'elle se penchait vers mon visage pour m'embrasser, je la retins.
- Attends s'il te plaît... Je veux ne plus en pouvoir, frissonner au moindre contact de ta peau et sentir mon estomac se serrer quand tu me regardes. Je veux que ça soit magique. Notre premier baiser.
Elle sourit encore une fois, désolée, totalement craquante.
- Tu veux me faire mourir avec ton romantisme ? Tant d'années que j'attends ce moment, tant d'années que je t'attends, toi. Je ne sais pas si je vais pouvoir attendre encore un peu.
Je faillis ne pas remarquer l'espièglerie dissimulée derrière ses yeux, ses pupilles profondes dans lesquelles j'aurais voulu me perdre à jamais. Elle me caressa le visage d'une main, ses yeux toujours plantés dans les miens, quelle délicieuse torture... Je tremblais, mon cœur haletait en contemplant celle que j'aimais. Cette femme avec qui je n'avais eu qu'un contact irréel pendant tout ce temps. Je sentais sa main sur ma joue, son autre sur ma hanche et elle m'attirait doucement vers elle. Alors que la distance entre son visage et le mien diminuait à nouveau, j'avais l'impression d'exploser. Mon cœur battait tellement fort que je me demandais s'il n'était pas visible malgré ma couche de vêtement. Alors, avec une impatience mêlé d'une pointe d'inquiétude je cédai.
- Je crois que je vais moi aussi me tuer si j'attends encore...
Je sentais maintenant son souffle sur mes lèvres, sa peau était brûlante. N'en pouvant plus, je penchai un peu mon visage et glissant mon bras autour de son cou délicat, je l'attirai un peu trop brusquement à moi. Enfin, nos lèvres s'effleurèrent... Ce fut une explosion de sensation. J'avais l'impression de pouvoir me pâmer à tout moment dans ses bras, lui abandonner mon corps et me laisser guider. Elle entrouvrit ses lèvres et nos langues s'enlacèrent tendrement. Ce fut le plus beau baiser que j'ai jamais reçu, mélange de douceur et de passion. De tendresse et de désir. Je l'aimais à la folie. Au bout de quelques secondes délicieuses, nous nous écartâmes légèrement, elle souriait et moi je souriais de même. Son air taquin s'était évanoui, et je devinais dans son regard un tout autre sentiment qui me bouleversa profondément. C'est alors que nous prîmes conscience que nous étions encore dans la gare, et que beaucoup de gens s'étaient retournés vers nous et nous regardaient, certains choqués, d'autres amusés. Gênée, je m 'écartai. Elle se pencha alors, je ta mon sac sur son dos et me prit la main. La foule repartit en brouhaha, et elle, elle m'amena chez elle, où nous allions nous aimer une nuit toute entière.
Je l'aimais, et au petit matin, je me suis réveillée seule.
La pièce était familière, et je gardais gravées dans ma chair les traces de nos caresses.
Je me suis réveillée seule dans mes draps défaits, et les sensations de ce rêve se sont lentement estompées. Ma chair a cessé de trembler. Mais je ne l'ai pas oubliée, je l'ai aimée.
Commentaires (4)
J'ai essayer de trouver des mots justes, mais je ne sais pas si le challenge est réussi.. As-tu une critique objective à m'offrir ?
Une gare, un baiser, un rendez-vous attendu après plusieurs années... C'est malheureusement un sujet de rédaction banal.
Alors merci pour ce commentaire qui me fait monter le rouge aux joues !
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