enfant gâté
La chance l'a beaucoup eu : il est né en temps de paix, un temps
où les ouvriers qualifiés dotés de conscience avaient conquis un segment d'horizon,
arc, courbe à peine, mais assez pour bercer les petits par la vertu
d'un retournement appelé espérance. Où les travailleurs non qualifiés, dotés d'un peu de rage intime, se jouant
des adjectifs fossilisés, devinrent.
La chance
l'a beaucoup eu : il y avait un père, une mère, et des plus vieux, et des plus indéfinissables pour, aimant, prouver que l'amour est possible ; il y avait les médicaments, les médecins, les modestement grands, les sourires, les chansons,
les histoires à l'orée des dangers vrais et des peurs évanescentes, des petits jours parfumés de Périgord,
des légendes mêlées aux flocons d'avoine, le tout très nourrissant.
La chance l'a beaucoup eu : il rencontra beaucoup de natures, humaines et autres, ainsi il sentit tôt qu'il devait tout à une intersection qui, faute de mieux ou de pire, était lui.
Lui, sans handicap, pas du tout laid, connut l'Idéal, la déception, la consolation, et quelques solitudes de luxe : rien de définitivement mortel.
Alors pourquoi veut-il, ce chanceux, fondre dans ce demi-sommeil
qu'on ne trouve qu'en faisant, pour des oiseaux épuisés,
un nid de rides invisibles ?
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