Elle attendait.....
Mais elle ne savait pas ce qu'elle attendait.
Un signe peut-être.
Un petit rien qui lui dirait qu'elle avait raison d'espérer,
qu'elle avait raison de croire que la vie était belle malgré tout.
Elle attendait sur le quai désert de la petite gare du bout du monde.
Elle attendait en regardant s'éloigner le train qui venait de partir.
Elle attendait en guettant le train qui allait arriver...
Qui sait s'il n'en descendrait pas l'amour de sa vie... Celui qui l'avait quittée il y a des lustres en lui disant :
« Ne pleure pas, je reviendrai ! »
avec ce sourire tendre qui n'appartenait qu'à lui.
Elle attendait...
Ses cheveux blonds avaient blanchi.
Son corps svelte s'était voûté.
Sa main qui lui avait fait un dernier signe, tremblait un peu.
Ses yeux au bleu terni trompaient ses souvenirs...
Elle attendait en le voyant comme il était en ce temps-là :
jeune, beau, fringant dans son bel uniforme kaki.
En se voyant comme elle était en ce temps-là :
jeune, fraîche amoureuse épanouie dans sa robe fleurie.
Elle attendait et tout comme autrefois, son cœur battait la chamade.
Il viendrait. Il avait promis !
Elle attendait.
On lui avait dit « Demain, c'est le dernier jour. La gare va fermer ! »
mais contre toute logique, elle attendait.
La veille, elle avait retrouvé la seule photo de lui qu'elle n'ait jamais possédée.
Sur le vieux cliché sépia, il lui souriait, comme pour lui dire que son espoir n'était pas vain.
Elle attendait...
Comme autrefois, la brise caressait sa peau, séchant ses larmes jamais taries...
C'est à peine si elle entendit le dernier train entrer en gare.
Contre son cœur, elle serrait la photo jaunie de l'amour de sa vie.
Déjà,le maigre flot des ultimes voyageurs se dispersait.
Sur le quai presque désert, elle attendait toujours..
Soudain, elle le vit.
Un vieil homme aux cheveux blancs s'avançait vers elle avec ce sourire tendre qui n'appartenait qu'à lui...
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