Pendant ce temps,sur des marchés professionnels mais fermés comme des boucles, des oeuvres d'une affligeante banalité soutenues par une communication efficace se vendent hors de …
Eve CZERNOW: Un talent méconnu©Ce texte est protégé par un copyright.
Née au milieu des années 50 dans le Nord de la France, Eve Czernow vit et peint à Cagnes-sur-Mer dans les Alpes Maritimes. Elle s’est très tôt baignée dans la lumière et l’exubérance de la côte d’Azur, dans ce mélange d’exagération et de douceur de vivre qui fait corps avec elle-même et qu’elle nous restitue sur sa palette.
Très vite elle ressent le besoin de se débarrasser de tous les codes et des modèles qui l’ont formée. Ils la corsettent plus qu’ils ne la servent. Elle veut être libre. Elle épure la forme, nie la perspective : elle exclut tout système de référence. Sa peinture s’émancipe. L’extravagance devient sa source d’inspiration. Elle déploie son art qui surprend et émerveille et, comme l’Elvire de Lamartine sur l’aile du génie, elle monte d’un vol égal vers l’immortalité. Son univers devient intemporel, il est au-delà du réel, aux confins de l’abstrait ; coloré, tendre ou vif, parfois gai, quelque fois sombre, il enchante mais jamais n’inquiète.
Eve Czernow peint d’abord pour elle, pour son plaisir et pour notre bonheur. Sa peinture est envoûtante ; elle sollicite le regard, suscite l’attention et parfois la méditation. On ne passe pas devant ses toiles : on s’arrête. Il faut du temps. Il faut mettre tous ses sens en éveil pour découvrir son écriture puissante, nouvelle, originale, magistrale et tellement personnelle. Elle marque son temps d’une étonnante modernité.
Elle créée sans doute pour exsuder ses passions, apaiser ses tensions, les contradictions de son âme d’une exceptionnelle sensibilité. Elle peint la mélancolie ou la fureur de vivre, la joie ou la tristesse… Là on croit voir les larmes qui ont embrasé son regard comme le jaillissement d’un rayon de soleil à travers la déchirure d’un ciel d’orage. Ici c’est l’apaisement sans savoir ce qui lui a donné le sentiment fugace de l’achèvement d’une œuvre ; une œuvre qu’elle finit toujours par juger insuffisante. On est surpris de l’entendre affirmer, l’iris orné de malice, que la dernière est la plus aboutie et par conséquent la plus belle à ses yeux, reléguant pour un moment les autres, toutes les autres dans un repli de l’oubli.
Comme le Sisiphe de l’Ilyade, Eve Czernow ne cesse pas de tout recommencer. C’est ce qu’elle ne sait pas encore faire qu’elle veut faire. Et, en la voyant aller vers l’inconnu et oser ainsi repousser les limites de son art, elle nous fait entrer dans le mythe. EVE est une chercheuse d’Art : une découvreuse infatigable. Une nouvelle couleur, une nouvelle forme, un nouveau matériau, un nouveau geste ne semble jamais la satisfaire totalement. Mais grâce à la maîtrise de sa technique si originale et si personnelle qui fait de ses toiles des sculptures autant que des peintures, elle n’arrête pas de nous éblouir.
« Le but de mon oeuvre dit-elle, c’est de créer la beauté qui seule élève les âmes et les rend plus humaines ; c’est de créer l’exception, celle qu’on veut garder pour soi, chez soi pour être en paix avec soi-même».
Il n’est pas de thèmes qu’elle rejette et ceux qu’elle explore subissent la métamorphose de son regard. Ainsi en va-t-il de ses portraits, de ses masques façonnés dans l’épaisseur de la matière, de ses personnages clownesques et légers à peine esquissés, de ses bouquets de fleurs exubérantes, de ses abstractions lumineuses ; ainsi en va-t-il encore de ses bleus lagons et de ses fonds marins coulés dans un bain de résine qui nous invitent à la sérénité en même temps qu’ils nous transportent de bonheur. L’imaginaire flamboyant de ce peintre insolite et profond et son incroyable créativité nous surprennent et nous émeuvent à chacune de nos rencontres.
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