Fukushima mon amour (Poupées russes)
Ma première est remplie de cris et d’épouvante,
De vagues assassines et de corps emportés,
De stupeur et d’effroi, de lames trop mouvantes,
De destins disloqués, de rêves dévastés.
Ma seconde poupée, dans un grand éclair blanc,
En s’ouvrant tout en deux a pétrifié le temps,
Pillant les environs de tous ces faux-semblants,
Qui leur avaient fait croire au sacre du printemps.
Une autre plus petite a l’odeur de la mer,
Ou ce qu’on en savait, tant elle a maintenant
Des remugles d’eau lourde et d’isotope amer,
Alarmant les compteurs de leurs signes déments.
L’autre matriochka où nageaient les poissons,
Est pleine de zombis aux drôles de couleurs,
N’ayant même plus l’heur, au bout d’un hameçon,
De mettre un terme enfin, à toutes leurs douleurs.
Et encore une encore, où étaient les oiseaux
Qui ont vidé le ciel, à grands coups de leurs ailes,
En préférant aux chaines, tous les petits roseaux,
Qui poussent tout là-bas, au bout de la marelle.
Et enfin la dernière, où n’est plus rien dedans,
Qu’un désert de fantômes, au cœur toujours vivant,
Aux rayons haschischins et aux fluides stridents,
Nous faisant craindre tout, jusqu’au souffle du vent …
décembre 2014
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