Allez, que Dieu me damne et que l'enfer m'emporte !
Telles sont mes pensées lorsque revient la nuit
Avec ses noirs démons, ses cruelles cohortes
Qui de moi se repaissent sans faire aucun bruit.
Je veille telle une ombre face à l'écran vide...
Je suis seule à présent au bord de l'infini
Je n'avais à offrir que mes pensées livides.
Les fenêtres fermées étouffent tous mes cris.
Ô ces milliers de mondes qui s'offrent à moi
Ces paroles vibrantes, tous ces cœurs béants
Tous ces mots, ces écrits, ces images, ces voix
Qui me renvoient toujours à mon propre néant !
Qu'ai-je donc à vous dire navigants de l'ombre
Qui voguez comme moi sur l'immense océan ?
Viendrez-vous au secours du navire qui sombre
Ou me laisserez-vous à mon amer tourment,
Aux griffes acérées qui déchirent mes rêves
Au vide, à ce silence plus froid que l'hiver ?
Si j'ai besoin de vous et si je crie sans trêve
Viendrez-vous me chercher au fin fond de l'enfer ?
Enfer de solitude où je brûle où je gèle
Et où j'insulte Dieu, s'il me damne, qu'importe !
Il m'a donné des mots, par quel excès de zèle
A-t-il voulu, maudit, qu'ils restent lettres mortes ?
Comme je hais ces mots qui hurlent sans un bruit
Ce sont eux les démons, les cruelles cohortes
Qui de moi se repaissent quand revient la nuit.
Qu'ils me laissent enfin ! Que l'enfer les emporte !
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