L'amiante
Dans son bel atelier
Il s’active nerveus’ment,
Il est très régulier
Dans son job forcément,
Des fibres invisibles
Squattent ses vieux poumons,
Une faute irrémissible
De son fidèle patron.
Il ignore le danger,
Faut bosser pour s’nourrir,
Et sans se ménager
Il besogne pour mourir,
Au pied de sa machine
La faucheuse le surveille,
Insouciant il turbine
Car le cancer sommeille.
Travailleur de l’amiante,
Après toutes ces années,
Pas de retraite souriante,
Mais une santé ruinée.
Travailleur de l’amiante
Après toutes ces années,
A défaut de farniente,
Une mort prématurée.
'Nous on ne savait pas'
Déclament les employeurs
Tandis que l’on fossoie
Les tombes des travailleurs,
'L’amiante cancérigène?
Ah quelle macabre surprise!
Ça nous imbibe de peine,
Il faut qu’on l’interdise'.
Depuis des décennies
Pour gagner toujours plus
On sacrifie des vies,
L’homme n’est que détritus
Devant l’icône profit,
Prévalent la cote en bourse,
Les comptes gras et confits,
Au rendement, la course.
Travailleur de l’amiante,
Après toutes ces années,
Pas de retraite souriante,
Mais une santé ruinée.
Travailleur de l’amiante
Après toutes ces années,
A défaut de farniente,
Une mort prématurée.
Dans ce triste hôpital
Il attend la camarde,
Dévoré par ce mal
Qui tue d’autres camarades,
Tandis que la justice
Ignore les responsables
Et que l’état complice
Protège les coupables.
Lui, il se remémore
Ses journées de labeur
A inhaler la mort
Sans la moindre frayeur,
Dans son bel atelier,
S’activant nerveus’ment
Toujours très régulier
Dans son job forcément.
Travailleur de l’amiante,
Après toutes ces années,
Pas de retraite souriante,
Mais une santé ruinée.
Travailleur de l’amiante
Après toutes ces années,
A défaut de farniente,
Une mort prématurée.
Ju'âne Pedro
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Parole de Les Corons:
Au nord c'était les corons
La terre c'était le charbon
Le ciel c'était l'horizon
Les hommes de mineurs de fond
Nos fenêtres donnaient sur des fenêtres semblables
Et la pluie mouillait mon cartable
Mais mon père en rentrant avait les yeux si bleus
Que je croyais voir le ciel bleu
J'apprenais mes leçons la joue contre son bras
Je crois qu'il était fier de moi
Il était généreux comme ceux du pays
Et je lui doiis ce que je suis
Au nord c'était les corons
La terre c'était le charbon
Le ciel c'était l'horizon
Les hommes de mineurs de fond
Et c'était mon enfance et elle était heureuse
Dans la buée des lessiveuses
Et j'avais les terrils à défaut de montagne
D'en haut je vouyais la campagne
Mon père était gueule noire comme l'étaient ses parents
Ma mère avait des cheveux blancs
Ils étaient de la fosse comme on est d'un pays
Grâce à eux je sais qui je suis
Au nord c'était les corons
La terre c'était le charbon
Le ciel c'était l'horizon
Les hommes de mineurs de fond
etc.