Métaphore de l'extinction spirituelle (fana / nirvâna)
L'origine de l'origine©Ce texte est protégé par un copyright.
L’amoureux décrivait à l’élue de son cœur
Tout ce qu’il avait dû pour sa belle endurer ;
Jalousies, sobriquets, et ses biens envolés,
Et la croix qu’il avait tirée sur son honneur.
Sans jamais se lasser, il décrivait ses peines, - Le poisson pourrait-il se lasser de son eau ? –
Désireux de prouver par ces mémoires amères
Que son cœur amoureux était pur et sincère,
Puisse sa bien-aimée s’en convaincre, sereine.
Elle lui répondit :
Cela est vrai. Pourtant, tandis que tu discours,
Comme la flamme échappe à qui saisit le feu,
Une réalité se dérobe à tes yeux :
L’origine de l’origine de l’amour.
- Quelle est-elle, ô aimée, cette source ignorée ?
Quelle est donc cette perle dont je t’aurais privée ?
- C’est la disparition, bel amant, c’est la mort,
Entends l’inexistence et l’anéantissement,
Par amour tu vécus les plus amers tourments ;
Mais qu’est-ce que la souffrance pour qui livre son corps ?
A cet instant même, l’amoureux rendit l’âme dans la joie et cette joie lui resta, éternelle.
- Thème :
- éveil (spirituel)
- Rimes :
- Fana (soufisme) Court article en anglais (bien plus clair à mon sens que son équivalent français)
- Djalal ud-Dîn Rumi auteur du Mathnawi
Commentaires (14)
Mais l'imagination revient tout entière à l'auteur du Mathnawi, qui combinait à merveille l'éveil et l'extinction.
Pour ma part, je n'ai fait que mettre en vers un de ces contes initiatiques dont je suis si gourmande.
la religion permet de tout faire passer
bien retranscrit cette philosophie, je ne sais si ici elle ferait des adeptes
Amitiés
Rumi est d'origine perse (actuel Iran) mais cette "philosophie" - que l'on retrouve en effet en Inde - dépasse de loin toutes les frontières.
Je me permets de préciser que l'intention de ce poème n'est pas de faire des "adeptes" mais simplement d'exposer une facette de la spiritualité orientale que je trouve passionnante.
Amitiés,
Ays.
Amitiés
Surtout, dites-moi si je fais erreur ou si je limite par trop l'interprétation.
C'est ce qui me rend un peu perplexe dans la "morale" de ce conte joliment mis en poème. Je manque de spiritualité, je pense...
Mais bon, cela donne à réfléchir à défaut de méditer.
Le parallèle qui peut être fait entre le soufisme et la philosophie indouiste / bouddhiste réside en effet dans l'éveil spirituel (nommé fana ou nirvana selon la langue). Il est différent du paradis en ce sens qu'il peut être atteint ici-bas par n'importe quelle âme qui cherche à s'élever vers l'absolu (au fruit d'un dur labeur quand même... 😊
Je comprends très facilement la perplexité que l'on peut ressentir face à ce genre de conte, perplexité que je ressens de mon côté face à certaines métaphores qui m'échappent totalement.
Ici, à mon sens, la bien-aimée représente l'Absolu / le Divin, et son amoureux représente la personne qui cherche à atteindre l'éveil.
Pour prouver sa sincérité au Divin, il se remémore tout ce qu'il a fait et enduré dans son chemin spirituel...
suite à quoi il lui est répondu qu'il n'a pas encore goûté à la mort (spirituelle) qui consiste à l'abandon total de son égo.
Une fois son égo éteint, le disciple atteint donc l'éveil et la joie totale.
Si j'y vois plus encore
À livrer ainsi son corps
À l'extase, au Nirvana
En effet, n'est-ce pas là
Ce qu'on appelle la petite mort
Ghjslain
Si, sans parler de métaphore, on s'arrête en effet sur les deux amants, le conte peut encore se lire de toute autre façon.
Le fait de se consumer par amour pourrait être, comme le souligne Silverfox, la petite mort.
L'extase peut-être, selon les lectures, charnel ou spirituel.
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