La baraque
L'académie de billard est là haut, tout là haut, mais ils n'empruntent jamais l'escalier ,la porte en bas à gauche est plus accueillante que tous les vagins du monde , elle aspire et retient et vide les plus couillus, les petites frappes et tous les bipèdes à l'affectivité bancale. Dans la salle un luxe inouï, quelques banquettes en moleskine dégotées à l'hôtel des ventes ou chez Emmaüs s'inventent une nouvelle vie dans ce festival off ou les solitudes s'agitent comme autant d'électrons libres. Les forts en gueule venus des halles voisines, sitôt leur camelote fourguée viennent étaler leur sonnante et trébuchante recette, tandis que les vendeurs de "Macadam" quittent la rue pour ce cercle vicieux.Le boucher blafard, les fesses trop serrées, glisse ses piécettes sur la tablette du guichet comme on pousse ses pions sur le damier, le facteur complexé, lui joue sa virilité sur un matelas de billet bleus ventilés à la caisse. Les amateurs de "Davidoff" (genre je me la pète pour trois ronds dans la poche)tiennent le bar, quand pour beaucoup le petit noir s'allonge jusqu'au premier rapport, souvent exprimé en décibels. On tambourine, on claque des mains, on tape du pied, on chante, on danse. Quelquefois le papier part en confettis, la musique si régulière s'est arrêtée et les noms d'oiseaux volent quand la "neuvième" retentit!!!Le petit bijoutier à la mine de sacristain, la gazette roulée dans la main fouette la table de dépit."C'était pourtant un soleil, un placement de père de famille.............Mais à mi-ligne droite il était déjà mort"!!!Oh il n'est pas le seul à pester, une bronca résonne dans la tabagie, on mutualise les pertes.....Claudine(la tenancière) qui n'en est plus vraiment une depuis longtemps, avec sa voix de rockeuse malingre réprimande les plus fougueux. Mais tout çà c'est du flan, ici tout le monde donne le change,l'argent n'est qu'un passeur et la colère une expression de la jouissance morbide!.Part-on à la guerre sans munitions, même si celle ci est perdue d'avance? La transgression: jouer ce que l'on ne veut pas perdre....sentir les ailes de la mort sur ses tripes et lui faire un bras d'honneur encore une fois ;"je t'emmerde"!!!!Voilà le trip.........
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