La boîte à musique©Ce texte est protégé par un copyright.
Elle se tenait là, seule, au milieu du silence,
Couverte de poussière, dans l'ombre délaissée,
Elle comptait patiemment l'écoulement des années,
Regrettant le passé, et les rires, et les danses.
Voilà déjà longtemps qu'elle n'espérait plus rien,
Lorsque dans le salon pénétra un gamin.
Crotté, frigorifié, et tout trempé de pluie,
Le pauvre petit enfant se cherchait un abri.
Dans le petit salon ne régnait aucun bruit,
Ni le vent, ni la pluie, ne passaient les cloisons,
Et notre garçonnet se serait bien enfui,
S'il avait eu, ailleurs, sa vraie petite maison.
Il s'installa donc là, tout seul et apeuré,
Et chercha comme de juste de quoi se restaurer.
Il trouva dans les meubles la vaisselle nécessaire,
Mais aucune victuaille pour faire bonne chère.
Ne restait, sur une table, qu'une boîte rouillée,
Toute petite, abîmée, et couverte de poussière,
Mais ayant tout ouvert et ayant tout fouillé,
N'ayant plus d'autre espoir, il ouvrit cette dernière.
Dans le salon alors résonna la musique,
Qui brisa le silence, comme un objet magique.
L'enfant devant ce rêve n'avait soudain plus faim,
Car si ce n'est son ventre, son coeur, lui, était plein.
Dans la pièce jamais plus le silence ne régna,
Et sur la petite table une boîte trône encore,
Toute propre et réparée, toujours elle chantera,
Dans le coeur des enfants abandonnés dehors.
Qu'il purent vivre ailleurs ou eurent une fin tragique
Aucun d'eux n'oublia la vieille boîte à musique.
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