Lancelot du Lac©Ce texte est protégé par un copyright.
Le bois est si dense, les frondaisons si épaisses...
Le soleil de juillet ne peut les transpercer...
Rien que d'éclatants glaives de lumière poudroyée,
Obliques comme la lance magique d'une Déesse.
Tout, ici, est immobile, d'un profond silence,
A peine troublé parfois d'ingénus chants d'oiseau.
Y dansent lentement des poussières d'innocence,
Chatoyantes comme les rêveries d'un damoiseau.
Murmure limpide d'un ru, craquement d'une branche,
Et l'air embaume au sein d'une tendre chaleur.
La capricieuse Viviane dolemment se penche,
Agite les fougères d'un geste cajoleur.
Allongé contre un tronc renversé, Lancelot,
Désirant, hume le parfum d'une ancolie.
Les fleurs violettes, une vision, les yeux mi-clos...
Chimère ! Dame Guenièvre, avec mélancolie...
Vers Camelot, au roi Arthur, il l'a conduite.
Il a serré sa main, elle lui a répondu,
Mais la destinée malencontreuse et fortuite
Unira les amants qui seront confondus.
-
La soudaine sensation d'une présence l'alarma !
Elle était là, toute pâle, nimbée de lumière ;
Elle tenait à la main une fleur de nymphéa.
C'était sa blanche dame, c'était Dame Guenièvre...
Sa longue tunique moirée aux couleurs de l'hiver
Ondoie en plis mystérieux autour de ses jambes
Et lui dévoile ses pieds mignons chaussés de vair.
Elle baisse les yeux vers lui : sa ferveur y flambe !
Lancelot croit l'entendre : 'beau doux ami'...
Ces mots bercent ses songes chaque jour, chaque nuit,
Ils le transportent en sol, ils l'ensorcèlent en mi,
Ils sont dans son cœur une fleur épanouie.
L'oiseau sur la plus haute branche soudain criaille.
Alors Blanc Chevalier s'éveille à contre-cœur.
Banni de Camelot, renié... Où qu'il aille,
Il n'est plus rien qu'une âme esseulée et qui pleure.
Voir aussi : http://ana-chorete.over-blog.com
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