Le concert aux étoiles©Ce texte est protégé par un copyright.
LE CONCERT AUX ETOILES
-haïbun- mélange de prose et de hïakus.
La nuit était cloutée d'étoiles par myriades. Partout, sous les pins, sous les chênes verts, assis sur les rochers, des cercles d'ombres chinoises se découpaient sur l'horizon, dont une bande plus claire attestait le départ du dernier rayon de soleil.
Le doux chant des sphères
Cette nuit des Perséïdes
Agrandissait l'espace
Le concert en plein air en cette fin du mois de juin drainait dans ce coin des milliers de curieux et d'amoureux de musiques planantes.
La terre vibrait
des sonorités brillantes
Des violons et des cuivres.
Lorsque la nuit fut enfin complète et que seule la voie lactée soulignait dans le ciel un chemin nébuleux,.un silence se fit. Musiciens et badauds virent émerger entre les monts arrondis de Coursegoules la médaille pourpre de la lune rousse.
Sanguine vision
Tranchant sur bleu 'indigo
Symbole des nuits.
Son entrée royale fut accompagnée par un morceau où seuls une flûte et un haut bois modulaient tendrement des notes veloutées.
L'été était doux
crépitement des grillons
sous pluie d'étoiles filantes
la silhouette des arbres se découpait et leurs ombres projetée sur les rochers semblaient matérialiser des êtres fantastiques. La nuit de la Saint Jean, réputée magique au moment du solstice accueillait le renforcement de toutes les forces telluriques à leur plus haut niveau.
Sons feutrés des voix
juin enterrait le printemps
Dans un vibrato
Me revient souvent le souvenir vivant de Mémé Joséphine, profitant de ce mystère pour m'emmener courir dans les sentiers montagneux pour aller cueillir les plantes prétendant posséder des pouvoirs accrus.
Le millepertuis
trèfle et lavande sauvage
formaient un bouquet.
Mémé le laissait se sécher jusqu'à la nuit de noël . Elle n'a jamais enfreint cette traditions ancestrales et jusqu’à sa mort un bouquet ornait le manteau de pierres noircies de sa vieille cheminée.
Vénus, clou d'argent,
Joséphine l'avait nommée
Gardienne du soir.
Un soir, où nous regardions le firmament, elle avait confié à la petite fille que j'étais, que lorsqu'elle ne serait plus là, je
pourrais en levant la tête trouver cette étoile tout près de la lune. Mais cette lueur qui parviendrait à moi ce serait à ne pas en douter son regard penché vers moi. A cet instant j'oubliais la pluie d'étoiles filante pour fixer intensément trembler la lumineuse étoile du berger et les yeux embués j'arrondis mes lèvres pour envoyer un tendre baiser vers sa lueur splendide.
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