Le fantôme de Jacques Cartier
Fantômes le jour
Fantômes la nuit
Les rues froides de Fermont
Ville-dortoir aux dortoirs bondés
Sauf un
Un homme au soir de sa vie
Debout derrière l'une des mille fenêtres épaisses de l'immeuble-muraille
Son pyjama de soie blême
Le visage creusé par la peur
Il craint la nuit
Comme aux temps sans le feu
Qu'elle n'éteigne son souffle poussif
Car c'est par la grâce de vents doux et contraires que se maintient debout l'arbre sans racine
L'homme au pyjama guette du paysage un signe de vie
Un infime frémissement sous les réverbères avares
Une preuve irréfutable du vent
Une feuille par exemple
Exsangue
Tombée d'un lointain érable
Et qui viendrait lasse se mouvoir sans trembler
Telle une barge chargée de grumes
Glissant vers l'estuaire du Saint-Laurent
Sa lumière matinale et brumeuse
Un phare pour tous les fantômes de Jacques
Debout sur leur nef de bois
Entamant le retour de leur dernier voyage
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