Changement de jour
Ségolène dort mal. Elle ressasse à cause de cette satanée Larissa, la nouvelle stagiaire du ministère. Si belle, si brillante, si fraîche. Elle fait tourner les têtes de bien des hommes cette Larissa, égare leur fidèle attention. Ségolène s'emberlificote dans son drap et se met enfin à rêver.
La voilà fraîchement débarquée dans une chapelle éclairée par quelques torches. Pas de prêtre mais une dizaine de bigots silencieux, les yeux clos. De leurs deux mains tremblantes, tous agitent une tablette en pierre au-dessus de leur tête, la présentent au ciel comme un panneau solaire. Le premier bigot à remarquer la présence de Ségolène pousse un gloussement d'effroi. Dans la foulée, il alerte ses condisciples par un gloussement similaire. Ségolène s'aperçoit alors qu'elle est complètement nue. Nom de Dieu ! Elle se met aussitôt à agencer savamment ses bras de manière à cacher l'essentiel comme le ferait l'Aphrodite pudique. Vêtu d'un drap noir, l'un des bigots accourt. Lui apporte-t-il un drap ? Non. Il lui tend juste une tablette en pierre, la sienne, non sans qu'une pointe d'amertume n'embrume son regard lubrique. Ségolène, trop pudique pour se défiger de sa position, se contente d'observer la tablette en pierre. Elle représente le visage d'une idole fémainine accompagnée d'une date : 26 mars. C'est sûrement la sainte du jour. Ségolène n'a jamais brillé en calendrier des saints. Pour gagner du temps, elle demande naïvement au bigot lubrique : qui est-ce ? Les autres bigots, outrés, se mettent à pousser divers gloussements puis à scander crescendo : Sainte Larissa Sainte Larissa Sainte Larissa !
Réveil en sueur. Coup d'œil au réveil Philips. 9 heures du mat. La messe va commencer alors que je ne suis même pas habillée ! Saperlipopette. Mais d'ailleurs c'est 8 heures ou 10 heures ? Je ne me souviens jamais s'il faut avancer ou reculer. Saloperie de changement d'heure. Quand est-ce que je vais me décider à l'abroger ?! Je trouverais bien autre chose pour faire faire des économies d'énergie à la France (petit rire de porte qui grince). Et pourquoi pas un "changement de jour" ? Eurêka. Je décrète sur le champ l'entrée en vigueur immédiate de cette nouvelle mesure. On avance tous d'une journée. Adieu dimanche 26 mars. Qu'on fasse évacuer les églises et brûler vif les vénérateurs de Sainte Larissa. C'est lundi, tous au taf ! À nous deux satanée Larissa.
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