Le tueur, pendant son crime, ne se pose nulle question
Quant à la liberté qu'il aurait à agir.
Il est comme nous l'esclave de ces noires suggestions
Et en face de son monde, il se voit réagir,
Mais les ficelles cachées qui provoquent ses actions
Nous offrent le plaisir de croire qu'il était libre.
Nous pouvons condamner alors ces exactions :
La justice triomphante nous renvoie l'équilibre.
Il était, comme la pierre, soumis à gravité,
Ou le nuage qui pleut quand son humidité
Ne peut plus conserver l'eau qui l'a saturé…
La faible intelligence de nos comportements
Nous entraîne à penser que l'on est assuré
De faire les choix qu'il faut, mais nos emportements
Nous poussent à obéir aux instincts les plus vifs
Et le temps ne fait rien pour nous rendre objectifs.
Si vous prenez Hitler… Mettez-vous à sa place…
Vous imaginez bien agir tout autrement
Mais vous n'auriez donc pas été devant sa glace,
Coulé dans son cerveau, partageant ses errements !
L'époque, antisémite, a su le magnifier
Et, se prêtant au jeu, il s'est vu déifié !
Il a eu de la chance de bien mal s'entourer
Et la haine est un sol aisé à labourer.
Revenons au méchant, que l'on vient de pincer,
Blanc de rage à l'idée qu'il s'est bien fait coincer…
C'est trop facile de dire : "Vous auriez dû faire ça…"
La personne qui agit, croit toujours qu'elle fait bien,
Sinon, évidemment, tout comme vous, elle s'abstient.
L'assassin, s'il savait qu'il va finir forçat,
Aurait pu différer son acte, ou s'en passer…
S'il se croit trop malin, c'est qu'il a ses raisons :
Son jugement fautif s'appuie sur son passé.
De l'extérieur, on juge sans voir dans la maison,
Et chacun l'a construit de ses souvenirs propres,
De sa manière à soi d'y réagir alors…
Or, elle peut nous sembler totalement impropre,
Comme la fascination, que, sur certains, a l'or !
Comment imaginer ce qu'ils ont éprouvé ?
Ce qu'ils ont pu penser, nul ne pourra prouver
Qu'ils l'ont dûment choisi, parce que dans nos esprits,
Tout ce qui est produit, certes on se l'approprie,
Mais c'est automatique, fruit de notre Inconscient,
Et il fait ce qu'il peut, même s'il est déficient…
commentaire
C'est ce qui est terrible.
Il est difficile, non seulement d'appréhender les réalités, mais aussi de se comprendre soi-même, et de s'avouer les véritables raisons qui nous font nous déterminer.