Nos nuits étaient incertaines,^{©Ce texte est protégé par un copyright.}

Ma langue bredouille, et se travaille en vain.
Si je chante l'amour, ma romance d'elle-même.
S'écoule de ma bouche, et vole à ce que j'aime.
O candides amoureux, écoutez donc au moins.
De vos baisers secrets , ces errants témoins,
Ces flots d'azur perdus sous vos belles Dryades,
Laure, Vénus, l'hamadryade et tant d'autres naïades,
Qui murmurent encore leurs doux gémissements.
Tous furent autrefois de crédules amants.
Qui, se dissolve en pleurs, et changé en fontaines,
Par la pitié de l'amour qui serpente dans vos plaines.
La belle nonchalante à l'ombre se promène ;
Que sa bouche entr'ouverte et que sa pure haleine,
En son sein plus troublé de douceur et de vœux,
Appelle l'amour de Laure, qui respire de ses feux ;
Que l'amant peut venir, et qu'il n'a plus à craindre .
La raison amoureuse, qui faiblit et entreprend de le plaindre ;
Que sur ton expression, d'ardente et jeune fleur,
Se répand un rire insensible et rêveur ;
Que son cou frêle et lent ne soutien plus sa tête ;
Que son regard, dans sa chevauchée incertaine et muette,
Sous sa longue paupière à peine entr'ouverte au jour.
Qui espère mollement, et qui est noyé d'amour .
Sur l'oreiller d'amour, tous les deux.
Nos nuits étaient incertaines, dans les cieux .
Mais surtout dans le ciel de tes yeux, un amour parfait.
Laissez, près d'une alcôve ainsi voluptueuse,
Veille, un discret témoin, l'étoile lumineuse ;
Elle a vu la nuit nos ébats amoureux, elle a tout épié ;
Dès que le jour paraît, elle avait tout oublié.
À contre-jour, sa nudité était de toute beauté :
Et tu devras ainsi lutter, contre toutes les sibylles,
Ce combat de l'amour, et de ses ruses fragiles.