Nue
1
Tu poses nue
allongée
sur la banquette arrière la portière
grande ouverte tu demandes
où je vais
sans un mot sans un geste
je t'indique
le chemin
2
Nue
totalement
la blonde en toi me vieillit et brille
douce en mon pubis la rousse
atteste l'automne
la brune les résume
l'adolescente tremble frêle
mon premier sang entre tes cuisses
mon premier gosse entre déjà
la femme mûre se souvient
3
Nue
à New York
phantasme de building
le nuage
cambre les reins se tord jusqu'à
l'éclatement de la douceur
jaloux Orly
s'impatiente dans mes veines
4
Nue
lorsqu'il a plu et que ton corps fait nuit
les feux félins sortent leurs griffes
tu saignes un peu de l'aveuglant aux vitrines
des magasins fermés tu brûles
pour le plaisir et mes passants
se laissent aller à ton hasard
à tes cinés
aux venelles sans éclairage où se propage
ton frisson
à tes beaux quartiers à tes bas quartiers
tes faux secrets tes bars
restés ouverts
Un cri
les verrous claquent les portes douloureuses
étouffent tes orgies
Alors lentement le sommeil
referment les paupières générales
et mes cernes rejoignent
ton sourire
5
Nue
assise
sur le carrelage froid du sol
les fesses ont hésité
brusques retraits tentatives
craintives contractions
puis l'abandon définitif
lisse
dégel obscur
la sensation se condense sueur
d'une fièvre sans feu ni lieu
ni sexe
désir sans faille qui bande
impuissant paradoxal
6
Nue
elle vient vers toi
depuis le monde inverse
sûre de toi
elle sourit
tout près
et lui se demande de quel souffle
la buée
7
Nue
tu gardes dans ta bouche
mes douze ans
ce sang brumeux de nos veines communes
ta nuit m'empoigne déroule
ses palpes arborescents
les lèvres appellent au plus profond
les voix
se rassemblent pour te répondre mon plein jour
gorgé de féminin
Tu ordonnes mon aide tu
habites ma paume articules mes doigts
et nous avons raison
de toute évidence jusqu'à la dernière
goutte
8
Entre tes cuisses la Trinité
n'est plus un mystère
un sexe dressé désigne
tous les peuples
L'Afrique écume
à ton bas-ventre
9
Partant de l'indéniable présence
ma bouche peu à peu
prend goût à l'avenir
Au bout de tes seins
je suce mille
révolutions coagulées
10
Nue
surpeuplée
interminable à force de toi-même
frissonnante
dans ta voix
lisse
dans le silence
blanche
quand je m'achève
Commentaires (3)
Elles se débarrassent des oripeaux pour que s'embrassent les peaux.
Vos nues sont des tableaux, les mots en parure.
...
Comme il est difficile de dire combien un texte vous habille l'esprit.
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