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Textes Auteur(e)s Jean-Mi
Textes hors-recueil
73. poèmes d'amour (1)
Jean-Mi
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poèmes d'amour (1)

poèmes d'amour (1)

seul c'est aussi cette chambre

à choisir un destin parmi les plis de draps

quelques bijoux intimidés

de toucher les dentelles

laines bleues

bas légers comme on chuchote

des robes toujours

parfument le silence

ici mourir serait

une infinie tiédeur

la mémoire enfin de ces temps

où les saisons

aveuglément

dormaient dans une femme

*

les caves ont encore quelques matous à chiffonner

quant aux signes des hauteurs

fracas de bouteilles vides

dévalant le vide-ordures

puisqu'elle y tient

je laisse la lampe réchauffer ses histoires

ce ne sont que châteaux titubant

dans la frilosité des murs

que vagues saphismes embrumant les princesses

dans l'œil des pervers borgnes

un loup lentement s'allonge au pied du lit

belle bête

tiédeur soumise au long câlin des cendres

entre les crocs

lambeau d'étoffe rouge

dont le plaisir frôle un instant les rideaux

écrasant ma gauloise

ce sentiment

d'anéantir une ville entière

à cette époque vivait la reine d'une beauté rongeuse

l'enchanteur buvait trop

la mort des fées craquait dans les brindilles

il était une fois un ogre un peu niais

qui s'endormit tout au fond de ses bottes

*

si

certaines nuits

des feux follets

viennent danser sur mes paumes

c'est en hommage

aux superstitions les plus caressantes

à cette obscurité très douce

où l'amour

malgré mon âge

croit encore aux fantômes

*

c'était tout le convenu du grand triste pluie

sans cesse et sans mystère

presque nuit

trottoirs où les feux

pourrissent de reflet en reflet

retrouver chez nous son visage

m'eût rendu l'évidence et de laisser

longtemps la nuque fondre en plis de jupe

les doigts se nourrir de très lisse aux genoux

le doux refus enrobé d'elle mais ce fut l'absence encore

un déploiement de rapace dur

dans l'effondrement des épaules

puis comme un rire idiot giclant

de bovins éventrés

n'ayant de Monsieur Forneret

les penchants autophages

ne mangeai pas ma main

mais la gardai plutôt pour honorer la solitude

de mon dernier signe ascendant

*

la gare notre voisine a jeté l'ancre

les trains s'aggravent

leurs voyages peuvent bien rayer nos vitres

nous resterons chez nous

nous n'habitons certes pas un château mais l'Espagne

tu sais parfaitement l'émietter sur mon front

même quand tu dors

emmitouflée de calme

quand mon canapé chavire

je nage où le jour n'oserait pas une trempette

ma brasse ouvre un temps aux tiédeurs plus épaisses

le corps pressent le fond où les regards se décomposent

je cherche une noyade

lumineuse

là où tard dans la nuit se pose

la dernière fenêtre éclairée

*

la nuit

j'aimerais lui lacérer le visage

à coups de rasoir

mais les voisins

réveillés par les cris

m'accuseraient d'égorger

les moutons dans ma baignoire

alors je la caresse doucement

doucement

du bout des doigts

ça doit bien laisser des traces

quelque part

*

ne crains rien du guérisseur boiteux

ses doigts sauront bien soulager

tes peines et tes mystères

émietter doucement sur ton front sur ton cou

sur ton con tes chevilles

un sourire indulgent ou un très long soupir

tu pourras de nouveau faire ton marché mignon

te procurer des frissons des épices

et cacher bien au chaud sous ton sein gauche

tes petites économies

*

six heures

le parc se frissonne tous ses piafs

tu dors encore

le soleil fait le coup du jeune chat

à ta robe

qui traîne sur le pouf

pourquoi voudrais-je plus loin que ce présent

qui doucement s'avance

pieds nus vers ton réveil ?

je suis toujours clown de tes lèvres

le jaloux de tes yeux

le gourmand de la confiance

je sais qu'au bout de tes seins

mon avenir m'attend

doux et fondant comme un mensonge

*

ses bas en ciel bleu montant

à mi-cuisses allongée

sur le côté main gauche derrière

mains droite devant yeux clos

de savoir alors si je

est une autre on s'en fout

ligne de vie raie du cul

complotent les destins

tandis que le médius joue les forbans timides

tandis que l'annulaire joue les grands transparents

tout le reste est absent

et il a toujours tort

*

je ne peux rester en place

je voyage tant que j'ignore où

je suis de quand

je viens et de qui

tu me frissonnes

je nous vois toujours de loin

et de longtemps

comment savoir

si l'on approche ? ailleurs

commence à fleur de peau

*

Le naïf trouve toujours les signes, les preuves. C'est ainsi que, vers midi, il sème en toute confiance ses zéphyrs de sandwich, ses automnes de laitue au long du boulevard Saint-Michel, sûr de te retrouver par hasard. Il a préalablement disposé les frôlements de mains, les sourires, les maladresses bouleversantes autour des verres et des reflets. La coïncidence n'est plus qu'une formalité. Elle s'accomplira comme prévu. Le naïf aime offrir une dernière chance aux paradoxes sans espoir.

*

soir pluvieux rue de Rennes

lisse
vertige
patinages lumineux
tout se reflète en tout
la nuit attend
qu'on l'aide à traverser


Je n'ai pas que ça à faire

j'ai rendez-vous
avec une brune adorable
toutes les questions s'émiettent sous mes pas
l'évidence est là
il n'y a pas que la peur qui sache
bien jouer
à cloche-pied dans le sang

vivre

ça vaut le coup

ce soir
je pardonne comme je respire


(à suivre)

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Ce texte figure dans la sélection de marie jeanne

Commentaires (5)

Posté par
le 26/03/2012
beau poéme jean mi
j'apprecie
AYSLANE
Posté par
le 26/03/2012
Rêve d'enfant : que tout le monde, ce soir, pardonne comme il respire.
Jean-Mi
Posté par
le 26/03/2012
Oui, bien sûr, histoires... Merci de votre attention.
Posté par
le 26/03/2012
Bonjour,
j'avoue l'avoir lu plusieurs fois - avant de poser un commentaire.
Beaucoup d'images allégoriques cela méritait beaucoup d'attention. Bel exercice.
Posté par
le 20/04/2012
très beau
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