Suzanne©Ce texte est protégé par un copyright.
Elle est là bien des soirs
Et me tient compagnie
On est là réunis
Contents de se revoir
On s'est tant engueulés
En buvant son Porto
Qu'il est toujours trop tôt
Pour aller s'emballer
La nuit est toujours jeune
Quand elle me visite
Le matin vient si vite
Et alors on déjeune
D'un café arrosé
Et de deux ou trois clopes
La fumée enveloppe
Nos discours apaisés
Elle a les cheveux gris
Et quasiment en brosse
On dirait une gosse
Lorsqu'elle me sourit
Elle a fait deux infars
Et fume comme un pompier
Histoire de faire des pieds
De nez à son hasard
C'est difficillissime
De faire son portrait
On dit que trait pour trait
Elle ressemble à Sim
De ce que j'ai vu d'elle
Que des photos attestent
Du temps de sa jeunesse
Elle a été très belle
Elle a été clocharde
Et femme de ministre
De bon heur en sinistre
Elle tient la rambarde
Elle tient mes enfants
Sur ses genoux cagneux
Je suis content pour eux
De ce qu'elle défend
Elle a tenu la main
A tout ce qui souffrait
Et même elle pourrait
Le faire encore demain
Sauf que Suzanne un soir
Est entrée dans le temps
Commun qui nous attend
Sans s'en apercevoir
Et que je fais semblant
Depuis qu'elle est partie
Quand je suis de sortie
Quand je me sens absent
De frapper à sa porte
Qui n'est jamais fermée
Ce que je l'ai aimée
Suzanne
Qui est morte.
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