Une vieille femme
UNE VIEILLE FEMME
Une vieille femme en tas posée dans un fauteuil
Son corps graisseux et flasque bouge péniblement
Elle semble dormir et pourtant...
Du fond de son brouillard, elle aperçoit le seuil
D'un monde onirique dont elle est l'héroïne
Monde qu'elle connaît, rôle qu'elle peaufine...
Et la voilà partie, toute dans son délire,
Elle nage, elle court elle danse, elle crie elle se débat
Contre de tout petits soldats,
Ennemis dérisoires, victoires sans coup férir
Batailles inutiles d'une guerre sans but
Errances de solitude, souvenirs de vieilles luttes
Qui l'ont amené là, seule, et folle de rage
Ecartant patiemment toute idée de bonheur
Etouffant l'amour de son cœur.
Maintenant prisonnière, de son propre naufrage,
Elle voit défiler les ombres de sa vie
Qu'elle aurait pu aimer, et puis, qui sont parties
Fatiguées de nourrir cet ego insatiable
Cruel et exigeant, comme un ventre sans fond
Mangeur de joies, tueur d'émotions.
Elle reste là, en tas, matriarche improbable
D'une tribu factice qu'elle mène sans tendresse.
Elle voit tout autour d'elle ce vide, qui l'agresse
Elle sait qu'elle est passée à côté du bonheur
Son ego flamboyant se teinte d'amertume
Ses yeux s'en vont, loin, dans la brume
De ses larmes qui viennent des restes de son cœur
Et elle pleure...
Commentaires (2)
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bien vu