noyau à nu (déférence gardée envers Guy Chambelland)
Tous les toxicologues vous le diront:
L'addiction au quatrain se manifeste par la pulsion nucléomaniaque. Quelle que soit l'heure diurne ou nocturne, avec néanmoins une prédilection pour les lumières allusives, le sujet tombe sous la domination de l'infracassable, lequel, sous couvert de langage, impose sa soudaine densité à l'aboulie des salives.
Pas le choix: il faut cracher, le plus loin possible. La suite des symptômes s'apparente à la frénésie du joueur. Le quatranomane parie, mise sur la nature de la pulpe à venir: fruité de colère? chair mélancolique? catastrophe juteuse? ironie verte?... Et tandis que le noyau aimante les molécules de temps errant, le sujet mise, les yeux fermés et l'âme close, mise toute sa petite monnaie, ses petites rapines, ses infimes mendicités... Bref: il se ruine et gagne, puisque le paroxysme réside dans la perte.
Mais il va se refaire, oui, oui, se REFAIRE. Déjà la nudité du noyau hante le mot nouveau.
commentaire