Dans ce sonnet, le poète déplore que la princesse se soit éloignée de la cour pour l'hiver. Il met en balance la beauté de la nature, argument pour la retraite de celle-ci à la campagne, avec le bonheur de l'avoir auprès d'eux à la cour dont elle est la lumière où chaque pas "fait naître mille fleurs". Or, la princesse semble ne pas vouloir revenir comme semble l'indique l' "éternelle durée".
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A Madame de princesse douairière Charlotte de la Trimouille
Quoy donc, grande princesse, en la terre adorée,
Et que mesme le ciel est contraint d'admirer,
Vous avez résolu de nous voir demeurer
En une obscurité d'éternelle durée?
La flamme de vos yeux, dont la court esclairée
A vos rares vertus ne peut rien préférer,
Ne se lasse donc point de nous désespérer,
Et d'abuser les voeux dont elle est désirée?
Vous estes en des lieux où les champs tousjours vers,
Pource qu'ils n'ont jamais que de tièdes hyvers,
Semblent en apparence avoir quelque mérite;
Mais si c'est pour cela que vous causez nos pleurs,
Comment faites-vous cas de chose si petite,
Vous de qui chaque pas fait naistre mille fleurs?
Commentaires (3)
Posté par
POpoéziZI
le 13/12/2009
Conformément à la forme du sonnet, les vers sont des alexandrins, répartis en deux quatrains et deux tercets. Les rimes sont alternées avec tantôt une rime féminine (terminée par un e : "adorée" et " durée") et une rime masculine (terminée par une consonne : "admirer" et "demeurer"). Il est à noter qu'à l'époque, on prononçait le R de l'infinitif des verbes en -er, et qu'on les roulait! Relisez donc de poème avec la prononciation d'époque, vous sentirez un souffle du XVIe siècle vous envahir!
Posté par
leXicolore
le 13/12/2009
A propos d'orthographe:
on peut relevez les Y aujourd'hui simplifiés en i dans "quoy" et "hyvers"
les ^ qui remplacent, sur la voyelle qui précède, les S devant consonne qui n'étaient plus prononcés, dans "mesme", "estes" et "naistre".
on remarque l'orthographe de "court", aujourd'hui écrit "cour". Le court n'est pour nous plus que celui du court de tennis. Ce "court" là nous vient de l'anglais qui a conservé l'ancienne prononciation du t et qui nous est revenu récemment sous sa forme française du Moyen-Âge...
On remarque "vers" pour l'adjectif "verts", au pluriel. Cette orthographe s'explique par des processus un peu complexes d'écriture depuis le français médiéval. On remarque que cette consonne non prononcée à la fin de "vert" nous permet de distinguer à la lecture cet adjectif du nom "vers", relatif à la poésie. C'est ainsi que l'on distingue des "homophones", mots qui se prononcent de la même manière mais s'écrivent différemment.On pourrais citer aussi le nom "verre" et l'adverbe "vers".
Eh oui, l'orthographe ne sert pas juste à torturer les enfants, c'est réellement utile!
on peut relevez les Y aujourd'hui simplifiés en i dans "quoy" et "hyvers"
les ^ qui remplacent, sur la voyelle qui précède, les S devant consonne qui n'étaient plus prononcés, dans "mesme", "estes" et "naistre".
on remarque l'orthographe de "court", aujourd'hui écrit "cour". Le court n'est pour nous plus que celui du court de tennis. Ce "court" là nous vient de l'anglais qui a conservé l'ancienne prononciation du t et qui nous est revenu récemment sous sa forme française du Moyen-Âge...
On remarque "vers" pour l'adjectif "verts", au pluriel. Cette orthographe s'explique par des processus un peu complexes d'écriture depuis le français médiéval. On remarque que cette consonne non prononcée à la fin de "vert" nous permet de distinguer à la lecture cet adjectif du nom "vers", relatif à la poésie. C'est ainsi que l'on distingue des "homophones", mots qui se prononcent de la même manière mais s'écrivent différemment.On pourrais citer aussi le nom "verre" et l'adverbe "vers".
Eh oui, l'orthographe ne sert pas juste à torturer les enfants, c'est réellement utile!
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A noter aussi le "Pource que" qui signifie "parce que"
A propos de "douaire", Charlotte de la Trimouille avait été accusée d’avoir empoisonné son mari le Prince de Condé, en 1588, sous le règne d'Henri IV. Elle fut acquittée.
voir http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article1515