Grandie de toute son existence l'âme quitte l'homme avec une grande aisance.
Du deuil...©Ce texte est protégé par un copyright.
Hier, aujourd’hui… Je ne saurais dire si c’était aujourd’hui ou hier : entre hier et aujourd’hui il n’y a qu’une infime variation des données irréversibles. En bref, en court, en succinct : entre hier et aujourd’hui. Dans ce court laps de temps fractionnaire, découpé -car il est un découpage du temps en chaque instant qui passe-, un homme est mort. Décédé, il nous a quittés, s’est retiré, s’en est allé retrouver la terre où coulent le lait et le miel. Il ne fait plus partie de notre vision réduite du monde, fractionnée, découpée –mais sincère, puisqu’universelle. Il est parti, sa route se poursuit ou s’arrête. Moi, je tourne en rond, j’en perds la tête.
La veillée dure, s’étend sur des milliards de secondes qui semblent défiler au ralenti. C’est un instant de la vie qui arrête tout sur son passage, qui paralyse le rationnel défilement du temps. La mort. Tout se suspend autour du défunt adoré, et il ne reste plus de place que pour les pleurs, le chagrin, la douleur… Un mécanisme insondable en lui-même, rempli de regrets et d’espoirs déchus par le cours des choses. La mort, une chose qui est à la vie ce que la douleur est à l’amour ; qui se suggère, s’impose à tous. Tôt, tard ou à temps : tôt ou tard elle vient. Avec ses airs de prêtresse elle juge le vivant par le non-vivant… toujours assise à côté, elle a tout son temps. On apprend. La mort s’apprend, elle s’affronte avec le temps, même si l’on est paralysé ; il faut du temps, un certain temps. Alors elle dure, se prolonge, ondule sur les Autres -ceux qui vivent. Car c’est pour eux le plus dur : elle vient en un temps, elle frappe puis se retire et attend. Alors les nombres se figent, puis l’on se trouve dans une sorte de léthargie inextricable. Le flottement est presque agréable –comme une ivresse au champagne. Puis l’on se détend, on pleure, on se lamente –quelle horreur. Honneur abandonné, orgueil délaissé, on se laisse aller : on ne se sent plus. Et moi je vois, je scrute chaque infime détail de leurs façons de l’affronter. La meilleure ennemie… Je ne suis déjà plus.
Commentaires (2)
La mort est sans raison?
Je suis d'accord:"la mort naturelle n'existe pas!"
La mort est humain,c'est le moment où l'on se donne plus de raisons de vivre.
Le moment où on laisse exprimer ses émotions sans fausse pudeur.
J'aime"la terre où coule le lait et le miel"Notre corps devient poussière.Mais la terre nourrit et continue d'apporter sa douceur.La poussière devient le prolongement de la vie en cet instant figé sur stop.Un paradoxe d'équinoxe.Une même terre.Et pourtant le jour et la nuit dans l'espace d'un instant.
La vie sans la mort respire l'ennui.
Au moment de la mort le cœur de l'autre arrête de battre tandis que le notre suspend le temps.Il suspend le temps pour mieux extérioriser ses sentiments.
"La meilleure ennemie.....je ne suis déjà plus."Un ressenti qui redonne vie à la mort.Merci pour ce partage constructif.
Je vous invite à partager mon ressenti de la mort à travers d' "Apprivoiser l'absence"
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